•  

    LE PETIT BAL d'ORLY _ LES RICAINS

       

        

                                               LE  PETIT  BAL  D’ORLY

                                                     

      Grande tristesse en cette fin de semaine, j'étais de permanence  et je devais donc rester afin d'assurer la sécurité, recevoir les messages et les transmettre à l'officier de service. Je ne pouvais pas sortir avec ma nouvelle amie.  Après l'avoir conduite à son car et attendu jusqu'à la dernière minute, enlacés et s'embrassant, j'ai dû la laisser partir avec mille promesses de n'avoir de cesse de penser l'un à l'autre, à chaque instant, de s'aimer encore plus fort en étant séparés. 

       J'ai eu pas mal de travail du reste. Il y avait une réception chez le commandant qui était officier de permanence, et qui ne pouvait rester là. Il m'a laissé les consignes, au cas où il se présentait quelque chose de spécial, de prendre le vélo et d'aller le prévenir. Je m'apprêtais donc à passer une soirée bien tranquille, quand le téléphone sonna. C'était l'Etat Major de < la Région >  qui demandait l'officier de permanence. Conformément aux consignes, je prenais le message. 

       Un convoi d'essence quitte Lille à 22 H et empruntera les itinéraires suivants: ...., traversera le territoire de votre subdivision de :... à ... sera au point < A > vers 23 H 40, mettez le dispositif de sécurité en place et rendez compte.    Ah bien, pas dans la mouise, que faire .   De suite chez le commandant.  Arrivé en pleine réception, musique, jolies femmes, fringants officiers, personnalités importantes, dont le préfet.On m'offre une coupe de champagne en attendant qu'il lise le message et attente des ordres.  Voilà ce que tu vas faire :   téléphoner aux gendarmeries sur l'itinéraire du convoi et il me donne la liste 7 ou 8,  leur délivrer le message, leur donner l'ordre de se mettre en place et rendre compte. Quand tu auras reçu la confirmation, téléphone à l'officier de permanence de< la Région > et va dormir. Bien mon commandant. 

        Allo gendarmerie de ..., _oui ici gendarmerie de ...._ délivrance du  message et : mettre en place le dispositif de sécurité et rendre compte. > Bien mon commandant, à vos ordres mon commandant  > < cuirassier de première classe (oui, quand même) j'étais vite monté en grade >.  

    Ensuite le retour, une par une les gendarmeries rendaient compte de leur mise en place à < telle heure >   Récapitulons tout ces messages et un message à la région < comme quoi le dispositif était en place à < telle heure > à < tel endroit > et la suite. Fin de message.

     C'est le lendemain, dimanche dans l'après midi, que le stress m'est monté. J'étais de permanence, à l'accueil,  rien à faire le dimanche, à part un éventuel message téléphoné,  il fallait être là . J'avais quitté mon amie le vendredi soir, et entre deux baisers nous nous étions donc promis de penser l'un à l'autre à chaque seconde, mais je ressentais comme une angoisse, j'avais comme une certitude qu'elle était bien loin de sa promesse. Elle m'avait expliqué que quelques fois elle allait dans une salle de bal de café de son village. Ce n'est pas très gênant, mais c'est quand même là que les rencontres se font et se défont, que les couples se forment, que les corps se rapprochent et que dans la semi obscurité pas mal de choses semblent permises.

    Un de mes collègues, rentrant de sortie et me voyant soucieux, m'interroge sur cet état. Je lui explique que j'ai comme une certitude, qu'en fait de penser à moi, elle est au bal à se divertir.

    Le plus simple pour lever le voile est de s'en assurer, je fais le numéro de ce café, j'ai un interlocuteur et je lui demande de prévenir Mademoiselle Nicole L... que son père est en transit à Orly, en provenance d'Allemagne pour une autre destination et qu'il désire lui parler d'urgence,  que c'est très important. Son père, était garde mobile en casernement en Allemagne où il vivait avec une ressortissante de ce pays. Le piège a fonctionné, mon collègue avec un ventilateur, et de feuilles de copie, faisait certains bruits difficiles à identifier et d'une petite voix faisait des annonces pour les vols. C'était très divertissant pour lui, très angoissant pour moi.

    Quand elle a dit allo, j'ai répondu tu t'amuses bien? alors continue, bonsoir.

    Je pensais à ce moment précis que l'avenir était nettement compromis, et j'avais pratiquement, mais dans la douleur, pris la décision de ne plus la revoir.

     

      ----------------------------------------------------------------------------------

     

     LES RICAINS

     Les Américains ont joué un grand rôle dans ma vie à cette époque. Il ya vait déjà eu la libération, les passages de troupes

     Ensuite mes échanges avec ma corespondante de l'Utha, Miss Bonnie, la reine du rodéo

    En classe nous recevions une revue qui nous parlait des USA et qui affichait des photos, de la documentation.

    Me voilà ensuite affecté à la Subdivision de Laon, cette ville qui vivait en rapport avec la base aérienne de Couvron. Des contacts constants avec ses ressortissants. Une vie nocturne avec des des bars où les GI'S qui étaient prodigues en dollars, se défoulaient avec des serveuses montantes,  bière et  whisky à profusion Lucky strike et chewing-gum. La vie américaine de facilité

     

     

     

     

     

                            

     

     

     

     

     

     

     Une partie de l'Etat Major de la SUBDIVISION MILITAIRE DE LAON

     

     

     J'avais du dire à ma tendre amie que je ne pourrais la voir, car j'étais de service opérationnel durant toute la semaine de manoeuvres. En effet des paras avaient sauté au delà de la Meuse et nous devions les intercepter. La Subdivision était en manoeuvre et l'Etat Major dans le stress. Les voici du reste au travail. Assis le lieutenant Colonel Cassa....debout de gauche à droite le commandant Bou..., le général Dura...., le colonel Blan.... et le commandant de la place de Sissonne. Il manque le commandant Mois...du 2ème bureau qui est parti sur le terrain.

     

     

    Quand nous revenions de permission, nous arrêtions au Suzy's bar,dans la journée, il n'y avait pas d'Américains avant 16 h, nous pouvions y boire une bière, discuter un peu avec la patronne ou une charmante serveuse.Avant de rentrer il valait mieux retirer sa cravate, car la spécialité dans ce bar, était de les couper, et de les accrocher au pafond. Nous étions 6 à l'Etat Major ( 4 détachés de régiments divers ) et deux anciens , fils de tisseurs du Nord, mariés avec de riches héritières, des privilégiés avec de l'argent plein les poches et qui n'étaient pas regardants à payer la tournée, sans ça nous aurions laissé les Américains remplir le tiroir caisse de Suzy ( au propre comme au figuré ).

     

                                                   UNE PARTIE DE L'EQUIPE DE LA SUBDI

    bureau à la subdi

    J'en profitais pour qu'elles fasse la commission à un ami afin qu'il amène deux cartouches de cigarettes que je viendrais négocier avec lui.J'arrivais à m'exprimer dans la langue, et il me vendait du tabac au quart du prix du commerce, car ils en percevaient à profusion, comme toutes autres de denrées du reste. En tant que vaguemestre, je desservais l'hôpital militaire, et tous les copains fumaient ces blondes qu'ils me rachetaient, la moitié de ce qu'elles valaient. Je me faisais de cette façon un peu d'argent de poche, qui avec celui envoyé par les parents, les oncles et tantes, compensait la minable solde que l'armée m'octroyait ( 4 fr 50 par mois ) une bière valait 0,50. Le service militaire était de 18 mois et ce n'est qu'au dessus de la durée légale que ça s'améliorait. Je n'avais que 5 mois de fait, donc la situation financière n'était pas brillante. De petits avantages, ne pas payer le train pour les permissions, des timbres gratuits et des cigarettes (logé, nourri, blanchi

                                                                 DE PERMANENCE AVEC MON AMI SECRETAIRE

                                                                      bureau subdi

     

                                                          PETITE FETE AVEC LES COPAINS

    equipe de la subdi

     

    Ils sont fous ces Ricains d'une violence inouïe, les gendarmes pensent arrêter un GI, il se dégage, leur échappe en se jetant dans la rivière. Ayant eu besoin d'aller à la caserne de Semilly où se trouvait un point de contrôle, j'ai vu descendre d'hélicoptère, un prisonnier entravé les mains dans le dos, une cagoule sur la tête et malmené comme un assassin. Ce n'était que des manoeuvres, alors dans la réalité, la vie d'un homme compte peu pour des gens de cette trempe.

     Pour les loisirs c'est similaire, ils arrivent en civil dans des voitures immenses, ou sur des motos énormes, et ils écument les bars, jouent au billard à 6 trous avec des enjeux, et ils boivent. De la bière dans laquelle ils mettent à chaque tournée un cognac, ensuite ce n'est pratiquement plus que du cognac,tant qu'ils ne rajoutent pas une bière dedans.Ils lutinent les filles ( qui sont là pour ça ) et ils continuent à boire. A la moindre reflexion qui ne plait pas, une suprême insulte était chicken, ce sont des coups échangés, quand ça ne finit pas en bagarre générale, avec casse des chaises, dégradations de toutes sortes, des réactions de cow- boys.

     Quand la military police arrive, de vrais colosses au casque blanc ( mais souvent noirs ) , avec brassard, révolver à la ceinture et matraque imposante, tout les combattant se calment. Peine perdue car les coups de matraque pleuvent de toutes parts et de la salle de l'établissement, ils sont sortis < manu militari > embarqués dans un camion débaché. Ils sont enchaînés pieds et mains à un banc latéral, ce pick up est garé sur la place pendant que la patrouille continue sa ronde.

     

     

     

                               

     

    Pendant des heures en chemisette par le froid, la neige, la pluie ils sont là à attendre malgré leurs plaies et bosses. Quand le calme revient sur la ville, le camion repart vers la base et ses passagers sont jetés en cellule de dégrisement après avoir à nouveau reçus une correction sévère. Les M.P. embarquent sans distinction de grades ou de nationalité, mais ils ne bastonnait pas les nôtres. Ils les écrouaient avec les leurs .

    Vers 10h le lendemain,  nous recevions à la subdi un appel pour aller rechercher les militaires français qui s'étaient retrouvés dans ce panier de crabes. Il n'y avait qu'à transmettre à la caserne du train automobile, afin qu'ils aillent les récupérer. La difference est que la nuit terminée , les Ricains reprenaient leur travail, les nôtres par contre rentraient en prison

     

     


    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique