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    Mercredi 15 Septembre 2010 à 17h13 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    LE BLED

       DEPART

    Réveil 5 heures, café, rassemblement et attente De nouveau les camions viennent pour cette fois, nous emmener à la gare Il est maintenant Neuf heures et Il fait plein soleil

    le train est en formation et sur le quai, les voyageurs s'affairent comme dans toutes les gares. Nous sommes accueillis très amicalement, alors qu'avec tout notre paquetages , sacs et valises nous allons encombrer. Mais c'est autant de sécurité en plus, cette troupe qui arrive avec armes et bagages. Devant la motrice il y a un wagon, bas, vide mais avec des emplacements de combat fait avec des sacs de sable, c'est lui qui normalement devrait sauter s'il y avait une mine de posée sur la voie. Il y a derrière un wagon ouvert avec des militaires décontractés, c'est l'escorte du convoi en cas d'attaque. Le parcours est ouvert tous les matins avant que le train parte, par une patrouille qui vérifie qu'il n'y a pas d'obstacles déposés sur les rails, pas de mines. Ces hommes vont d'une gare à une autre à bord d'une draisine, d'autres prennent le relais et assurent ainsi la sécurité de la ligne.

    La campagne est très belle de beaux vergers, et beaucoup d'oliviers, magnifiques paysages sous ce soleil ardent, un peu de Normandie, de la forêt, des djebels, des parties désertiques,  des petites gares aux noms évocateurs : Duvivier, Laverdure, Montesquieu, clairfontaine, une attente importante à Souk-Ahras, alors vite la chasse à l'eau fraîche pour remplir les bidons.

    Nous avions laissé nos accompagnateurs à Marseille, et à Bone ce sont des militaires de nos régiments qui nous ont pris en compte, le teint hâlé, mais pas le bronzage des estivants, une couleur pruneau, beaucoup portent une moustache à la Taras Boulba, chapeau de brousse et cheiche. Ce dernier sert à de multiples usages, il éponge la sueur qui coule du cou, on s'en entoure le visage en cas de tempête de sable, ce qui permet de respirer à travers, et entouré autour du ventre , ,ça évite les ennuis intestinaux,les nuits sont toujours froides sur le matin .

    Nous sommes partis ce matin et il va être 17 heures, ça semble long, car ce train s'arrête à toutes les gares. Elles sont toutes, sécurisées par des murs de protection montés avec des sacs de sable. Des meurtrières, avec des postes de combat et généralement sur le toit, un mirador dans lequel une sentinelle veille, à côté d'un gros projecteur, qui la nuit éclaire les alentours. Le drapeau tricolore domine le tout. 

    Cela commence à s'animer, la voie longe maintenant des campements de tentes bien alignées, du matériel, des camions des jeeps. Des militaires insouciants et sportifs disputent un match de foot ball et les spectateurs portent le béret rouge des paras coloniaux

    Le vent s'est levé et soulève de la poussière, nous arrivons à destination à n'en pas douter, il fait gris, le sol est caillouteux, en décor du djebel, ça me donne une impression de bout du monde, c'est Tebessa où nous rejoignons la base arrière du 6éme régiment de Cuirassiers.

    Débarquement et regroupement place de la gare, enfin des camions arrivent, on charge nos bagages, mais pas nous. En place pour un défilé pour rejoindre notre cantonnement. En tenue de combat, casques, arme à la bretelle, c'est une troupe qui traverse la ville au pas cadencé. C'est probablement pour rassurer la population psychologiquement, < encore de nouvelles troupes qui arrivent en renfort .

     Après 6 jours de voyages ( pas de garde pour moi cette nuit ) pour d'autres collègues, oui et avec des consignes: il doit passer dans la nuit une patrouille de paras dans le bas de la rue< n'allez pas les allumer >

    nous avons été hébergés dans d'anciennes écuries à mulets
    Je me suis endormi quand un peu de fraicheur est arrivée

    Mais réveillé dans le courant de la nuit par de petites pattes
    qui couraient sur le visage
    j'avais beau les chasser ça revenait
    Un peu léger pour des rats, un peu lourd pour des araignées,
    j'ai pensé à des mulots, mais il faisait noir
    je ne voyais rien
    J'enfouissais le visage sous la couverture 
    Mais en très peu de temps je ne pouvais plus respirer
    j'ai du redécouvrir mon visage
    Je me suis endormi à nouveau jusqu'au matin vaincu par la fatigue,
    probablement que la sarabande a continué
    mais je ne m'en suis plus aperçu
     

    La matinée se passe en revue de paquetage, on m'a attribué un gilet de peau de mouton, un peu étonnant pour le pays, mais je suis affecté à Cheria, c'est à 40 km et, dans la montagne, enfin un plateau, entre les Aurès, les Nemenchas et les monts de Tebessa, probablement que l'hiver y est rude. Ceux qui vont en base arrière sont déjà partis, ainsi que ceux qui rejoignent les escadrons dans la région d'El ma el Abiod. Nous devons nous intégrer au convoi qui se forme sur la route de Constantine, et c'est dans un camion baché, mais possédant des plaques blindés sur les ridelles de côté que nous venons nous ranger à la suite d'autres véhicules, c'est quand même du sérieux car la cabine possède, une tourelle, avec un fusil mitrailleur et un servant qui pour l'instant fume sa cigarette tranquillement.

    Les véhicules viennent se ranger les uns derrière les autres, il y a quelques voitures civiles, des camionnettes de commerçants arabes, un petit autobus citroën, comme ceux que j'empruntais quand j'étais commercial, pour visiter des clients de Lillers, Aire sur la lys. Il était chargé au maximum et un tas de paquets sur la galerie de toit. J'apprends que pour gagner Cheria il faut un convoi sécurisé à cause du danger d'attaque sur le parcours. Justement nous n'allons pas tarder à partir car la jeep de l'officier responsable double la file pour aller se placer en tête, et à sa suite deux blindés autos mitrailleuse à tourelle armée d'un petit canon,  et des half tracks avec leur personnel de combat, C'est ceux que j'avais vus en passant se préparer à l'ombre du mur d'enceinte.

    Il en est de même en fin de convoi, tous les moteurs tournent au ralenti, les ordres radio fusent, nous partons.

     

     

     


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    Lundi 11 Octobre 2010 à 16h23 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    CHERIA

                                                      NOUS  SOMMES  PARTIS

    Nous sommes partis et ça roule bien sur cette route en bon état, mais ensuite on la quitte pour prendre celle qui va nous conduire à destination. Une agglomération s'annonce par son panneau: Youks les bains , nous roulons entre deux rangées d'arbres, on se croirait en Normandie, c'est vert et accueillant. Ensuite le paysage change, la route se rétrécit et le décor c'est , des cailloux et des rochers, ça commence à monter, et ensuite les virages se succèdent , nous sommes dans le col, ce passage entre deux sommets, d'un côté c'est la roche dont on ne voit pas le sommet, de l'autre le précipice. Dans un virage, le camion doit s'y prendre en deux fois pour tourner . Je pense que si on se faisait allumer, il n'y a pas beaucoup de solution, il ne faut pas se coucher sous les camions, car touchés ça explose et ça flambe, pas de possibilités du côté du précipice, une seule chose possible faire corps avec la roche de la paroi.Il faut se dire que les hommes de l'ouverture du col, veillent aux endroits stratégiques, et qu'un piper surveille dans le ciel, mais c'est très impressionnant

                                                            PEUR   MOI   JAMAIS

      Le convoi s'étire sur des kilomètres, nous    progressons  

    lentement, sur une route en lacets.

    Les véhicules sont à la limite de caler leur moteur, nous  sommes dans la montée de ce col,  si dangereux.

    D'un côté la roche abrupte qui domine, de l'autre le ravin.

     Il n'y a que les bruits de ces engins poussifs, et pour la nature, c'est le silence le plus total, pas un souffle de vent, pas un cri d'oiseau, que du soleil implacable.

    Que le silence et la certitude que des yeux nous regardent, dissimulés derrière des rochers.

    Je surveillais les hauteurs, mon arme approvisionnée, pointée vers un éventuel agresseur, le doigt sur la détente.

    Mais la peur au ventre, la poitrine serrée, la sueur qui ruissele, la tête pleine de visions d'horreur.

    Panique incontrôlable en pensant au sort qui pouvait m'être réservé, comme celui de la dernière patrouille.

    Les corps avaient été retrouvés, égorgés, le crâne éclaté à coups de pioche, émasculés et le sexe enfoncé dans la bouche.

    C'est ça aussi la peur, de ce qui peut arriver.

    Le dernier blindé qui fermait le convoi, tourelle pivotante, mitrailleuse orientée, vient de franchir, la dernière montée.

    Nous sommes passés, il ne s'est rien produit.

    La peur lâche sa prise.

    La sueur se sèche.

    Les mains ne sont plus moites.

    Les jambes ne tremblent plus.

    La tête se vide, et l'on pense à autre chose, au pays par exemple, où il fait bon vivre, et où des êtres qui nous aiment nous attendent.

    Les conversations reprennent, les bravaches se déchaînent en plaisanteries obscènes.

    PEUR ?????????????

    Moi, non, jamais.

    Pas besoin de voir des films, superbement expliqués, pour comprendre ce qui se passait dans la tête de ceux qui recevaient, l'ordre  < en avant >.

    Que ce soit dans les tranchées, sur les plages de débarquement, dans les rizières,  la jungle ou les djebels.

    Alors ne me faites pas rire, avec de belles envolées lyriques.

    La peur n'est pas que pour les couards.

    Tout le monde la connaît un jour.

    Et a du la subir.

     

     Après le col c'est un plateau entouré de djebels à l'horizon, il y a une piste, mais les véhicules roulent de front puisqu'il n'y a pas d'obstacle, et ça évite la poussière. Il y a aussi l'envie de rentrer, l'équipe de la sécurité du col suit ayant terminé sa mission, le soir tombe , la montagne va s'enfoncer dans la nuit mais sera un refuge pour des hommes déterminés à en reprendre possession,les ( Fell ) sont chez eux .

    On arrive des maisons basses noyées sous la pluie, des barbelés, de la boue. Notre camion s'arrête, allez giclez, et alors là comme comité d'accueil, un farfelu appuyé sur une canne le chapeau déformé, dégoulinant de  pluie, la bouche pincée crachant son venin. <  Z'allez en chi.. les bleus, ici faut aller aux chiot....avec son fusil >. Le vrai sale type, tout juste 6 à 8 mois de service. Je lui aurais bien fichu mon paquetage en pleine gueu.., mais ce n'est pas la quart d'heure, dire qu'il va falloir cohabiter avec ce genre de larve. Une chose primordiale pour l'instant, se mettre au sec, et dormir .

    C'est à l'ECS  ( escadron de commandement et services ) que je suis affecté,Je rejoins mon cantonnement en suivant des peties rues, qui d'un côté font partie du poste, de l'autre ce sont les murs extérieurs des mechtas qui sont habitées. Le haut est garni de barbelés en tortillons et je vois briller sous la pluie des tessons de verre, qui sont là pour que l'on ne puisse pas escalader. Nous arivons enfin au bâtiment où sont logés ces cuirassiers, qui sont en principe à part ceux des services, le peloton porté.

    C'est pour l'escorte, la sécurité du commandement, également pour les ouvertures de cols et de pistes. Ces hommes participent également aux opérations pour les bouclages et la recherche des troupes de l'ALN ( armée de libération nationale ) que la France combat dans sa détermination de conserver l'Algérie française

    J'ai emprunté sur le site de Cheria dans lequel je communique cette image, le silo existe toujours

     

                                            C'est ce bâtiment de stockage de grains, il faut se le représenter à l'époque de mon arrivée avec autour des murs de protection, une entrée pour les véhicules, fermée par une barrière en bois et barbelés, derrière un mur avec des créneaux pour le tir et une tour à deux étages ( pour la garde ) qui donnait sur la plaine et l'horizon étant le djebel.                             

     

        Le bâtiment est spacieux, mais pas beaucoup de lumière, les lits sont côte à côte . Une allée centrale avec une grande table et deux bancs de bois  complètent le décor, remarquable, un   immense poêle en plein milieu.

    Le Bricart ( brigadier) de service m'indique mon emplacement, assez éloigné de la porte d'entrée, ce qui évite les courants d'air lors des multiples entrées et sorties, mon couchage: un lit Picot ( ce genre de brancard sans poignées, une couverture, un sac à viande ( c'est un drap cousu jusqu'à moitié genre sac de couchage, une paillasse qu'il faut remplir de paille et l'installation avance. Pas de traversin, mon sac au  dos va en faire office, pas d'oreiller, alors le gilet de peu de mouton va être utile. Sous le lit, je mets mon sac marin, ma valise, mon casque, au mur, un clou bien placé, pour accrocher mon fusil et je peux enfin goûter un repos bien mérité   

    Je fais connaissance avec mes proches voisins, car je ne connais plus grand monde depuis dix huit mois que j'étais détaché à l'Etat Major il y a eu de multiples changements, de Quatre escadrons qui composaient le régiment, c'est passé à six ou sept, en tant que bataillon de marche du 6éme cuirassiers et c'est éclaté dans autant de sites differents éloignés de 40 à 60 kilomètres de montagne ou de désert. Ces nouveaux amis me font cadeau d'une caisse à orange vide, c'est très pratique et ils en ont tous une. C'est une parfaite table de nuit, car redressée et installée on pose sur cette tablette,  une photo, ou un transistor, une séparation en son milieu  en fait deux compartiments pour ranger ses affaires de toilette, des livres ou même des sous vêtements, tout menus objets, il y en a même qui ont installé un petit rideau et c'est devenu une véritable armoire de rangement.

    J'installe sur la tablette la photo de ma tendre amie, qui provoque de suite un attroupement admiratif et intéressé et des allusions assez équivoques, à la limite salaces. Pourtant sur chaque caisse table de nuit, il y a une photo, de fiancée, de petite amie ou même d'image découpée dans un magazine et installée dans un cadre, mais c'est un fait que des cheveux longs et blonds comme les blés mûrs attirent l'oeil de ces jeunes hommes, privés de douceurs de caresses et de sexe.

    On voit mieux car la lumière vient d'arriver, tremblotante et pâle,  le courant est fourni par des groupes électrogènes qui fontionnent au gaz oil et ça me fait penser à chez mes grand parents quand ils s'éclairaient à la lampe à pétrole, mais peu importe puisque je vais dormir, j'enverrai demain chez moi une carte que je suis bien arrivé et pour donner mon adresse afin de pouvoir recevoir du courrier.

    Ces cartes nous sont distibuées lors des cantonnements, à Marseille, à Bone, a Tebessa et à Cheria, c'est pour prévenir nos familles de notre situation. C'est avec un timbre FP ( franchise postale ).

     

    Bonne nuit les gars.   Oui si on n'est pas attaqué !!    Ah comment ça?, j'espère bien que non .

    La nuit s'est bien passée, je dois me présenter au P.C (poste de commandement ) pour 8 heures, j'ai donc le temps après le petit déjeuner que j'ai été chercher à la cuisine ( café, pain, sardines et barre de chocolat ), et après la toilette, de rédiger cette carte, en donnant mon adresse, pour que l'on puisse m'écrire.

    L'adresse c'est: nom  prénom et un secteur postal qui est S.P. 86.392 AFN, c'est tout.

     

    les copains

     

     

                                  


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  • Mardi 16 Novembre 2010 à 17h12 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    OUED ET DJEBEL

     

                                               ADAPTATION  A  MA NOUVELLE  VIE  

                                                                                  

                                             

                                                                

    marché de Cheria

                                                           

             la place de Cheria avec le puits on distingue au fond un poste de garde ( occupé même dans la journée )

     

    Je dépose ma carte dans la boite aux lettres, mais je ne sais pas quand elle partira. Car c'est en fonction des transports. Le courrier part lors des convois pour Tebessa et ce n'est pas régulier, car c'est en fonction des besoins, ça nécessite la reconnaissance du terrain, l'ouverture de col, la surveillance jusqu'au retour. C'est arrivé que les maquisards avaient monté une embuscade afin d'anéantir le groupe chargé de cette ouverture, les services du renseignement ayant été prévenus et c'est une opération qui a été montée afin de déjouer ce piège.

    Le courrier part et arrive également quand il y a une liaison par hélicoptère.

    A côté de la boite il y a une liste de noms et j'y vois le mien, c'est pour la garde de la nuit prochaine, je lis < au mirador de 20h à 22h >, on est de garde deux heures toutes les deux nuits pour un des trois postes : la tour, le mirador ou l'entrée, c'est par rotation de postes et d'horaires, les meilleujrs étant le premier et le dernier, c'est à dire de 18h à 20 h et de 4h à 6h, il y a un poste aussi surveillant la rue au bâtiment des transmissions mais celui là ce sont les gars des trans qui l'assurent.

    Il faut fournir ausi par alternance avec les autres unités un poste de garde sur la terrasse de la gendarmerie et un pour la SAS ( service des affaires spéciales )

    Je sors du bâtiment, à ma droite c'est la sortie vers le village avec un poste de garde qui surveille la rue, en le longeant et donc à l'arrière il y a cette tour avec un étage, elle est destinée à la surveillance de la plaine en face et un mur en construction vient renforcer le réseau de fils barbelés. Je vois ce mirador au dessus des toits de ces habitations réquisitionnées qui sont devenus ce cantonnement. Au lieu de prendre la rue pour me rendre au P.C je prends par une série de cours qui débouchent sur le mess, bar des sous of, les cuisines, l'infirmerie et enfin j'arrive par ce dédale à l'école coranique où sont installés les services du commandement;

    Un porche et l'on débouche dans une cour dallée et autour en rectangle, les maisons occupées par le colonel commandant le secteur, le mess des officiers, le service psychologique, le service du renseignement et enfin le secrétariat où je me présente.

    Un adjudant que ce connaissais déjà à ce poste était responsable de ce bureau où je me présentais, le personnel était composé d'un bricard chef( brigadier chef) d'un secrétaire, et d'un dactylo. J'étais donc le troisième et l'on me confia le courrier à enregistrer.

     

                       les copains du PC à agauche  Bouch.... moi et le bricart chef Lev..     

    Le troisième Cout.. n'est pas avec nous, il est assez spécial et j'ai l'impression que mon arrivée dans ce cercle d'amis lui a provoqué un peu de jalousie, il est relativement piquant dans un humour à retardement et avec moi ça passe mal. Il a un défaut de langage et peut être qu'il se doute que l'on en rit derrière son dos. Il n'arrive pas à prononcer les noms correctement, je suis Friscot au lieu de Fricot, Level est Levegue et Bouchez est Bouley, mais à part ça c'est un garçon sérieux, du reste il ne vient que pour taper le courrier,et repart à une autre tâche ensuite. C'est pareil pour moi, après mon travail à ce bureau, je dois aller me mettre à la disposition du Lieutenant médecin.  

    Dans la cour il y a aussi Delb... le secrétaire du lieutenant du service de renseignements qui vient discuter avec nous dans les moments de pause. Il y a aussi Toch... un fils de colon qui vient pour les interrogatoires comme interprête et < le grand > ordonnance et cuisinier du colonel, sans oublier < barbu > le petit chien batardé Fox qui a sa place dans le bar du mess officiers, mais également dans le lit du grand et il ne fait pas de difference avec celui du colon 

                                             le grand à la porte du mess/bar des officiers

    Officiers, sous officiers et la troupe se servent à la même cuisine. La difference est que pour le mess officiers comme pour celui des sous officiers, ils ont à leur disposition un cuisinier qui va chercher les rations ( bien sûr que les cuistots vont leur donner les meilleurs morceaux ) et ils sont arrangés ensuite et améliorés, avec les cotisations de ces bénéficiaires.

    Pour la troupe si l'on veut on peut cotiser également pour une portion de lapin que des copains cuisinent  à la piaule et que l'on se partage.

    Question enregistrement du courrier, ça n'a pas traîné. Le secrétaire m'a passé le registre, mais ma méthode de travail ne lui convenait pas. Employé de banque, il s'appliquait avec de belles accolades, des passages soulignés à la règle, il a donc repris son cahier fissa et l'on m'a confié une autre tâche.

    Interessante, mais avec une certaine responsabilité. Je recevais du matin la consommation carburants et huiles des escadrons et postes de la responsabilité du secteur, ce qui représentait une dizaine de messages, il s'agissait de mettre à jour les quantités de leurs réserves, de centraliser dans un message global, que je portais aux< trans > à passer pour le SAT ( le secteur autonome de Tébessa )  

    Rsponsabilité car s'il fallait organiser un convoi, avec escorte et ouverture de route, pour ravitailler un poste en carburant Hélico, alors que le cuve était pleine et que c'est celle pour le carburant chars qui en avait besoin, ça aurait posé de sérieux problèmes. 

    Cette tâche terminée je devais rejoindre l'infirmerie pour seconder le médecin, mais avant, j'avais le temps de faire un tour dans le village, j'achetais à un étal une succulente galette au miel à 0.50 Fr et je rentrais au café maure déguster un excellent cawa à 0.50 Fr, j'achetais un paquet de cigarettes tunisiennes des < surfines > à 0.70 fr. Je n'appréciais pas trop les cigarettes fabriquées en Algérie, Mélia ou Bastos que je trouvais trop acres 

                                                      

                                                         SERVICE  DU  TOUBIB   

     

        La mechta où est installée l'infirmerie est bâtie autour d'une cour, on y pénêtre par une porte basse et de suite à gauche dans ce bâtiment il y a quelques lits superposés pour des malades et des blessés légers,la construction en longueur possède plusieurs pièces séparées, logement des deux médecins, celui du 6ème cuir et celui du RIA, la pièce pour la consultation et pour l'administration et enfin une pièce pour les soins par les infirmiers et le couchage de celui de permanence.

     C'est un infirmier de la SIM (section infirmiers militaires ) qui possède son diplôme du CADUCEE,  un Normand, ancien ouvrier agricole qui s'était engagé dans les paras ( bien qu'il prétende qu'il y a été appelé, ce que je ne crois pas ) toujours est-il qu'il a refusé de sauter. Quand ça arrive, ce sont des brimades constantes et si la situation n'évolue pas, ils sont virés des paras, et c'est comme ça qu'il s'est retrouvé à la section infirmiers et a du travailler afin d'obtenir ses diplômes et a été affecté dans ce service.

    Je suis donc là pour seconder le médecin des Cuirs et j'ai un collègue Trec.. qui est de l'infanterie alpine pour le secrétariat du médecin de cette unité.

     
    avec mon ami Trec...le secrétaire du RIA
    le béret n'est pas à moi, c'est un vert d'un légionnaire parachutiste blessé,  une astuce que je ne connaissais pas, essaye si ça te va bien pour prendre une photo,
    le résultat est qu'il faut payer une tournée

    Les médecins sont des lieutenants qui doivent effectuer 15 ans dans l'armée, car leurs études ont été payées dans ces conditions, il devraient rembouser s'ils quittaient, ils sont donc là par obligation.                                                        

     
     
     
    LE   MIRADOR
     
     Après le repas, je m'allonge sur mon lit tout habillé, puisque je suis de garde à 20 heures, je me plonge dans mes pensées et je suis près d'elle, je sens son parfum, sa peau si douce, ses migons
    seins qui me font tant  d'effet, à admirer, à caresser , et ses lèvres pulpeuses qui délivrent des baisers torrides. Je contemple sa photo et je pense à tout ces moments merveilleux que nous avons vécus. Il est l'heure, par les cours et les ruelles j'arrive à ce poste de garde. C'est une plate forme avec quatre côtés et un toit, et on y accède par une échelle. Je me trouve donc au dessus
    du poste devant moi au loin le djebel, je domine le garage de réparation des véhicule du RIA qui donne 500 m plus loin sur les mechtas, un goupe de maison occupé par le commando
    d'intervention de ce régiment, et sur ma gauche, j'ai vue sur la tour qui contrôle la façade Nord.
    En fait ce poste de garde ne sert pas à grand chose, puisque le RIA aux mechtas a ses sentinelles, pareil pour la tour, la garde à l'entrée du cantonnement et celle des TRANS
    Vers le Sud, il y a la SAS ( service des affaires spéciales ) où deux sentinelles veillent, une sur le devant par un supplétif et un de chez nous dans une tour sur le derrière, qui surveille la campagne.Les tours de garde sont en décalé, quand le Moghazeni rejoint son logement pour qu'un de ses collègues aille le remplacer, le garde de la tour sud a encore une heure à veiller. Plus loin il y a la compagnie du RIA qui a ses sentinelles, au sud Ouest le premier escadron de Cuirs a les siennes, pas très loin un soldat veille sur la terrasse de la gendarmerie et pour finir, il y a la garde chez le GRPR ( groupement mobile de police rurale ) genre de harka et sur la terrasse du troisième étage de la gendarmerie, le seul immeuble du village, un poste de garde fourni par rotation des differentes unités, car les gendarmes étant sous officiers ne prennent pas la garde.
     
    ,En hauteur comme ça et bien protégé par un renfort de sacs de sable, abrité par un toit, il n'y a qu'à écouter les bruits de la nuit, on peut même fumer une cigarette, en position accroupie  et en la tenant dans le creux de la main.
     
    La protection par les sacs de sable est efficace, car une balle arrive en vrille et en pénétrant dans le sable ou la terre, elle s'arrète sans le percer de part en part, ça évite également les éclats, de grenades, d'obus. Pendant la guerre des monuments comme des cathédrales étaient protégés par ces murailles de sacs.
     
    Rien à signaler, la nuit est calme à part les aboiements des chiens dans le village, car contrairement à ce que l'on dit : les chiens aboient et la caravane passe. Ici c'est le contraire, quand on n'entend pas les chiens, il faut s'attendre à un harcèlement de poste, c'est qu'il y a une bande de HLL ( hors la loi ) qui transitent de la frontière Tunisienne ( qui n'est pas loin ) vers les Aurès.
     
     
                                                                INCIDENTS  AU  MIRADOR
     
    Dernièrement vers 21 heures du mirador un coup de feu est parti, suivi de hurlements, nous avons couru voir ce qui se passait. Le gars en sentinelle venait de se mettre une balle dans le pied.
    Comment a t-il bien pu faire ? il ne sait pas lui même.
    Probablement qu'il a entendu quelque bruit, il a armé son fusil, et comme ce n'était rien, il l'a reposé sans activer la sécurité.
    En reprenant son arme, il a accroché la queue de détente,  le coup est parti et la balle a traversé le pied.
    Je ne l'ai pas revu après son séjour à l'hôpital
    on ne saura pas si c'est l'accident ou si c'est volontairement, qui dans ce dernier cas amène de graves ennuis avec les autorités militaires.
     
                                                                 DE GARDE AU  MIRADOR
     
    Il n'y avait pas un intérêt stratégique pour ce poste de garde, car il donnait sur les intallation du garage et de réparation des véhicules.
     De là on accedait au poste avancé où était stationné le peloton d'intervention de l'infanterie.
    Je m'ennuyais ferme ce soir là, il était vers les 23 heures d'une nuit sans lune, quand j'ai entendu un bruit de cavalcade du côté du garage, et j'ai aperçu des ombres qui couraient.
    C'était à n'en pas douter des biffins qui s'étaient payés une petite escapade
    Alors on allait rigoler,j'arme mon fusil Garant.
    je fais les sommations d'usage, et je demande le mot de passe, comme ils revenaient du seul bistrot français du village et qu'ils avaient bien consommé, ils avaient complètement oublié le mot de passe ou même ne l'avaient jamais su.
    J'ai donc appliqué le règlement qui était de tirer sur tout ce qui bougeait et ne s'identifiait pas.
    Là, croyez moi ça s'est identifié, arrête c'est nous on rentre aux mechtas, c'était le nom donné à ce poste avancé.
    Je le savais bien, c'est pour cette raison que j'avais tiré en l'air
    On a bien rigolé, enfin surtout moi .
     
                                                                LA LUNE A TRAVERS LE MUR
     
     
     
        
                                      murdemechta
    Il fait déjà nuit lorsque je quitte le bureau du PC, où je tiens la permanence, pour aller chercher
    mon repas à la cuisine.Le cantonnement était constitué d'un groupe d'habitations et deux ruelles en L en marquaient les limites, ce qui fait que les murs des mechtas qui se trouvaient de l'autre côté constituaient une enceinte. Ils étaient assez hauts, construits de bonnes pierres et sur le fait étaient installés, un réseau de fils de fer barbelés en spirale et des tessons de bouteilles de verre pour la sécurité
    J'avance sur le chemin, mes pensées sont là bas en France et tout en marchant je regarde ce mur impressionnant me faisant penser aux forteresses médiévales, et qui dégage un sentiment de sécurité.
    C'est le soir,ce n'est pas la nuit noire, du reste c'est très rare car il y a de magnifique clairs de lune, il faut y réfléchir et pendant la garde, ne pas se mettre en évidence, car l'on devient une belle ombre chinoise à la mercie d'un tireur embusqué.
    Justement une chose étrange attire mon attention, j'aperçois la lueur de la lune à travers le mur.
    Je regarde de plus près et je m'aperçois qu'il manque une pierre à mie hauteur, ce qui n'est pas explicable.
    Qu'elle soit tombée du sommet du mur, pourrait se comprendre, mais au milieu c'est étrange, surtout qu'elle n'est pas par terre.
    Je retourne  dans les locaux qui servent au poste de commandement, et au fond de la cour je frappe à la porte de l'officier du deuxième bureau, responsable du renseignement et de la sécurité.
    J'explique alors au lieutenant ce que je viens de constater, qui me paraît anormal.
    Son étonnement est grand, de suite il vient avec moi pour constater ce problème.
    Il a la même réflexion que moi, c'est tout à fait anormal. 
     
    .
        
     
     

       CHERIA   LA  GENDARMERIE

     ATTAQUE  DE  NUIT  

     

                                                               

                                        

    Cheria la gendarmerie, sur la terrasse un poste de garde la nuit

    Tout était calme, je contemplais le village endormi, par ci par là un chien aboyaitSoudain,

    plusieurs détonations

    Les rebelles tiraient à l’arme automatique,  je ripostais dans la direction des départs de feux

    La garde est montée en renfort, ainsi que les gendarmes sortis de leur sommeil

    J’ai vu une grande flamme devant mes yeux

    Et senti des petits bouts de ciment du sol en cliquetis sur mon casque lourd

     C’était ma première attaque, je ne comprenais pas, pensant à une grenade.

     C’était une balle, du fusil mitrailleur d’un gendarme, qui était partie

    Par défaut de la procédure de sécurité de son arme.

    Tout s'est calmé et le silence est revenu.

    A la fin, le chef de poste est venu constater, il y avait une excavation

    Dans le ciment à 20 cm de mes pieds

    J’ai échappé à la mort cette nuit là

    La garde se prenait alternativement par toutes les unitiés stationnées à Cheria, car les gendarmes étaient peu nombreux, ils y résidaient avec leur famille,  étant sous officiers, ne prenaient pas ces obligations. L'hiver le couvre feux étant à 18 h, le premier tour se prenait à 20 heures, c'est un camion qui dans la nuit nous conduisait, on ne voyait pas grand chose, ce n'est que virages et changements de vitesses qui pouvaient nous renseigner, car le douar était désert.

     Le camion s'arrêtait devant la grille, nous descendions et il repartait. Le chef de poste sonnait,

                                                                 Un gendarme entreouvrait la porte demandait le mot de passe et venait ouvrir la gille qui était cadenassée. Tout les volets de fer étaient fermés à tous les étages. Derriére nous la porte était vérouillée et deux poutres entrecroisées en assurait l'inviolabilité, une véritable forteresse. Nous montions au troisième étage où une pièce était réservée pour le poste de garde.

     Pas de lits, le couchage des nattes, comme oreiller un sac de sable, je n'avais jamais expérimenté ce genre de choses. Cela isole du sol et du froid du carrelage, ce n'est pas confortable mais acceptable.

     Pour prendre mon poste de 22h à 24, on devait monter à l'étage supérieur, et par une petite porte pénétrer sur la terrasse. On dominait le village endormi et comme il faisait très froid, je recevais un peu de chaleur qui montait par les cheminées des appartements des gendarmes. C'était du chauffage au bois, et on entendait les conversations, sans comprendre, mais ça tient compagnie, on se sent moins seul.

     Plus de bruit la soirée prend fin alors il ne me reste plus qu'à faire les cent pas , le tour de la terrasse et voir que tout est calme.

    Les chiens aboient, c'est un signe. Normalement on dit: les chiens aboient la caravane passe. Ici c'est le contraire, quand il se prépare une attaque, un harcèlement, j parce qu'un groupe rebelle doit passer pour gagner la montagne, la nuit est étrangement pesante, pas un bruit, pas un aboiement.

    Je peux rentrer à l'intérieur pour avoir moins froid et attendre que le temps passe. Il y a des sacs de sable installés dans un coin de ce palier, je ne suis donc pas le premier à utiliser cette banquette improvisée. Ce qu'il faut c'est ne pas s'endormir, si quelqu'un montait pour vérifier, il fallait l'entendre arriver et sortir reprendre la surveillance.

    En aspirant une bouffée de la cigarette, ça fait rougir le bout et ça permet assez de lumière pour consulter la montre, le temps ne passe pas vite quand on est seul éveillé dans la nuit. C'est avec soulagement que l'on entend monter celui qui vient remplacer, il arrive encore tout embué de sommeil, les consignes sont vite passées, tout est calme R A S, je peux descendre cet escalier afin de retrouver la chambrée où tout le monde dort.

    Voilà ma natte, j'y avais laissé mon sac et une couverture. On ne peut pas dire que c'est confortable, mais ça isole bien du froid du carrelage, et le sac de sable pour oreiller, c'est dur et pas maléable Pour s'endormir par contre, impossible avec les pieds aussi glacés. La meilleure solution est d'enlever le gilet de peau de mouton et d'en entourer les pieds. Au bout d'un certain temps la chaleur s'installe, on peut alors le remettre sur soi et s'endormir pour le reste de la nuit.

    A condition que sur la trentaine de postes de garde, il n'y ait pas une sentinelle qui décide pour s'amuser de tirer, car ça peut déclencher un tir général de toutes les autres. Sur quoi ? sur rien. Le bruit d'un galop de cheval dans la nuit suffit.

    Le matin à 6 heures le camion vient nous chercher, et c'est par les rues désertes que nous traversons le douar pour rejoindre notre cantonnement, ballotés lors de ces nombreux virages au rythme de ces multiples changements de vitesses, il faut néanmoins ce tenir prèt à gicler et à riposter, au cas ou à la sortie d'un virage on aurait essuyé des coups de feu ou un jet de grenade.

    Mais tout s'est bien passé, une nouvelle journée commence

                                                                                

                                                                             LA  S.A.S                       

                                                          Section  Administrative  Spécialisée             

                                                        devant la sas       

     

     Ce Bordj tout blanc habritait la SAS

     

     

                                                                                 moghazni-2


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  • Samedi 11 Décembre 2010 à 12h43 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    AMOUR TOUJOURS

     

            Un hélico vient de se poser sur le terre- plein derrière la tour, possible qu'il ait déposé un sac de courrier

                                                        

       Plus personne ne travaille, il y a effectivement du courrier, alors tout le monde tourne en rond, Le vago ( vaguemestre ) est parti conduire le courrier officiel, celui des officiers, celui des sous officiers et ensuite ce sera l'appel des noms des hommes.  Toutes les conversations sont basées sur cette attente.  du genre  < Cela fait un mois que je n'ai pas de nouvelles de ma petite chérie, tu crois que je vais en avoir > < probablement, tu sais bien qu'il n'y a pas de convoi quand il y a des opérations dans le secteur, et que les hélicos ont d'autres missions >

    Voilà il l'a sa lettre!!!, et pour moi, j'ai été appelé sept fois, elle m'a écrit tous les jours et elles viennent d'arriver en paquet. De belles enveloppes longues portant au verso le code des amoureux MBBSTBA mille baisers sur ta bouche adorée, ornées d'une splendide empreinte de lèvres, très joli décor pour une lettre, mais quand on en voit passer sept, les copains commencent à charrier, assez moqueurs, surtout ceux qui n'ont pas de courrier. Les autres partent chacun dans leur coin avec leur trésor sur leur coeur

    Je rentre à la piaule pour au moins lire une lettre, et ranger les autres en attendant de pouvoir les ouvrir toutes. C'est écrit sur du papier fin et en double copie, donc cela représente Huit pages de témoignages d'amour, d'érotisme et d'évocations de nos merveilleux moments d'abandon.

    Celui qui attendait sa lettre, est assis sur son lit, le regard fixé sur la photo de sa belle, et d'un geste vengeur il la déchire et les morceaux jetés à la poubelle. C'est la rupture, le temps qui passe, l'ennui, la lassitude, les tentations du monde qui continue à vivre, et l'abandon du petit soldat des djebels. Sur les caisses à oranges qui servent de table de nuit, il y a dans un cadre la photo de la belle qui attend le retour de son compagnon.

    Je réponds dès que cela m'est possible mais globalement car lettre après lettre ce serait la même prose. J'épanche du mieux possible le manque d'amour provoqué par la séparation et ma tendresse se mèle à la sienne et la rejoint en pensées voluptueuses par delà l'océan

    Les empreintes de lèvres au rouge sur mes enveloppes ont donné des idées à certains de mes compagnons d'armes. Ne sachant pas écrire on m'a demandé de faire des lettres pour envoyer à la petite qui attendait au Pays, le retour de l'aimé. J'ai accepté en employant les mêmes termes que ceux de mes propres lettres. A la lecture ils en ajoutaient et cela devenait de véritables appels des corps martyrisés par ce manque d'amour.

    Quand la réponse arrivait, elle était souvent une communion totale d'un couple séparé, mais dont les pulsions s'exprimaient par des mots simples et crus.

    Il me semblait que je recevais un peu moins de lettres, ce qui se comprenait car le sujet s'épuisait, Mais ce qui attira mon attention est que je trouvais certaines expressions que nous n'avions pas eu l'habitude d'employer, et quand il s'agit d'amour ou de caresses cela provoque une interrogation, une angoisse et l'installation de doute.

    Je n'en faisais pas état dans mes réponses mais je me sentais assez gêné de lire des choses qui me semblaient écrites pour un autre.

     

      

    Tags associés : Amour

    Jeudi 06 Janvier 2011 à 12h23 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    ALGERIE

     

                                                                           

      LA    MUSULMANE

                                                                  Il est 14 h, une route étroite monte en pente douce vers la ville qu'on aperçoit le bas.
        C'es l'Algérie, en plein été 40 à l'ombre, mais pas d'ombre.
        Le chemin est désert, d'un côté une plantation anarchique de cactus géants, de la hauteur d'un homme, de l'autre, du sable,des cailloux,de la pierre, de la poussière ocre
        Le soleil inonde ce chemin, la chemise colle à la peau, les gouttes de sueur ruissellent.
        Chaleur écrasante, pas un nuage, aucun bruit que celui des criquets.
        Deux soldats avancent, traînant les pieds, moi derrière je progresse encore plus nonchalant.
        Soudain descendant ce chemin, un homme marche d'un bon pas, derrière à distance  respectueuse comme le veut la coutume, une silhouette, tout de blanc vêtue, voilée, marche d'un pas léger.
        Mes deux compagnons, forts de leur bêtise, lancent quelques quolibets, de mâles en manque, et s'éloignent.
        L'homme me croise en m'ignorant.
        Et là, un sentiment jamais rencontré me saisit.
        D'elle, je ne voyais que ses yeux
        Des yeux qui sont toujours magnifiques, car seules possibilités de l'expression de la beauté!  Ils sont maquillés et expriment à eux seuls, des sentiments, des désirs, ou même le reflet de l'âme.
        Nos regards se sont fondus, sans pouvoir se détacher.
        Ni elle, ni moi, n'avons ni pu, ni voulu, rompre ce contact.
        C'était du reste impossible, une osmose totale.
        Il y avait pénétration, acceptation, retour, insistance et affirmation.
        Juste à ma hauteur, une fine main, belle comme celle d'un ange, au poignet délicat, cerclé de bracelets ciselés, et finement travaillés.
        A écarté d'un geste élégant; Ce voile qui cachait un visage d'une sublime beauté.
        Et un magnifique sourire m'a été offert.
        Un sourire chaleureux, heureux de me faire ce plaisir, un sourire qui n'avait rien de méprisant, mais au contraire, tout en douceur, et en accord avec ses yeux.
        Puis le voile s'est refermé.
        Qu'a-t-elle, voulu me dire ?
        Depuis que j'y pense, je l'ai interprété de mille façons
        Mais la plus logique est,  je pense:
        Tu veux me voir? Tiens regarde
        Vois, comme je suis jolie.
        Regarde et souviens-t-en, toute ta vie.
        C'est la seule explication, car depuis, je n'ai jamais oublié.
        Pourquoi, m'a-t-elle fait ce don gracieux, gratuit et charmant ?
        Qui était-elle? Qu’est-elle devenue, ou est-elle, que fait-elle?
                                         Mystère

     

                                                           HAMAR

                               

                           


    C'est tout à fait normal que l'on aime son pays natal, mais pour moi c'est un autre sentiment puisque j'en suis étranger.
    Quand on arrive dans un pays que l'on ne connaît pas, on découvre:
    un environnement différent
    Des coutumes différentes et des gens que l'on considère comme hostiles ( cause de guerre d'indépendance >
    puisqu'ils sont impliqués ( partisans ou non )
    ( volontaires ou obligés )
    risquant leur vie de toutes façons quoi qu'ils fassent
    Ils sont otages d'un côté comme de l'autre
    < si tu ne parles pas > tu risques de mourir
    < si tu parles > ce sont tes frères qui te tueront >
    Alors quand on comprend ça, on est à plaindre ce peuple qui souffre
    Et on comprend mieux les choses
    On s'adapte aux circonstances
    On vit au milieu des gens
    On s'arrange pour que la vie ne soit pas trop difficile en participant dans la mesure de ses possibilités
    On se fait des amis ( Hamar ) qui m'offrait le café le matin à la garde
    Il demandait si on n'avait pas du linge à laver
    Dans ces cas là, c'était sa mère et ses soeurs qui le faisaient
    On le payait en boite de conserves, sardines et autres.
    Alors Hamar était-il < un traître à son pays ? >
    Non pas du tout
    Car les boites de conserves, ce n'était pas pour lui, elles partaient dans des musettes aux maquis.
    Comme les cachets qu'il me demandait parce qu'il avait mal à la tête
    < mais il avait souvent mal à la tête >
    Alors je suis retourné chercher un verre d'eau et un cachet et j'ai dit
    tiens Hamar bois ça va te faire du bien.
    Il a saisi que j'avais compris.
    Alors était-il un traître vis à vis de moi ?
    Non, car il n'avait pas d'autre solution que d'obéir aux ordres pour la sécurité de sa famille et de sa propre sécurité.
    On vit alors dans ce village et avec ses habitants
    La galette au miel que l'on mange tous les matins 0.10 centimes de francs de l'époque
    Le cawa bu au café maure 0.10 centimes également
    Un paquet de cigarettes tunisiennes valait 70 cm pour vous donner une idée
    Les oeufs frites que l'on allait manger ( cause un peu saturé de manger du mouton )
    Et donc la vie dans le village continuait
    Avec < les séries de piqûres que l'on allait faire dans les mechtas >
    Les soins que l'on donnait
    < trois femmes qui étaient brûlées à cause d'une explosion d'un réchaud à alcool .
    Que nous allions chercher avec l'ambulance
    Car il n'était pas question qu'elles traversent le village < la coutume l'interdisait >


    Ensuite les promenades dans le village, dans le bois
    Les courses avec les tortues d'eau au bord de l'oued

    Le match de football entre les jeunes du village et les militaires.

    Voilà comment on arrive à aimer un village où l'on y vit pendant un an, et les gens qui y habitent


     

     

    Tags associés : Algerie

    Dimanche 01 Mai 2011 à 13h20 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    DESTIN

     

                                                               DESTIN  

    Le courrier vient d'arriver, je n'ai qu'une lettre et c'est celle de mes parents, qui m'expliquent comment ils ont du prendre la décision, de renvoyer, celle qu'ils avaient accueillie comme leur belle fille et qui trahissait leur confiance.Elle était tout pour moi et était devenue de ce fait, aussi tout pour eux.

    Depuis que nous sommes là, les photos sur les tables de nuit ( en caisses à oranges ) disparaissent les unes après les autres.L'absence est pénible pour les amoureux. Les filles au pays se languissent et le petit bal du samedi soir, comme les messages d'amour par le biais de la radio, ne calment pas leurs désirs.

    C'est à mon tour de sortir cette magnifique image de son cadre, d'en faire des menus morceaux à mettre à la poubelle. C'était le vent du désert qui soufflait sur mon coeur, le même qui en ce moment rendait l'atmosphère irrespirable.

    Je sors pensant calmer ma douleur, et  mais c'est difficile, l'air est chaud et étouffant, je vais au mirador, et là bas aux confins du plateau je vois une colonne noire qui monte vers le ciel. Elle se déplace lentement, c'est une sorte de tourbillon géant qui avance inexorablement. Je retourne à la chambrée me mettre à l'abri,et soudain c'est l'évènement.

    Le nuage de poussières entre par tous les orifices, et tourbillonne dans la chambrée, on est étouffé, ne on ne peut plus respirer, une seule solution est de s'acroupir, de saisir le cheich qui était, encore une chance à portée de la main, et de ce fait, se protéger les yeux et pouvoir un peu respirer à travers le tissu, c'est le véritable vent du désert qui passe chargé de toutes le poussières et du sable recueillis sur son passage

    La porte a été arrachée de ses gonds, la poubelle a été soufflée , son contenu éparpillé et mes lambeaux de papier  sont partis en emportant mes derniers souvenirs.

    Me voilà seul et d'une façon tout à fait inattendue. Suivant les explications des personnes l'avaient vue, mal se tenir avec un petit voyou bien connu pour sa paresse et mêlé à des histoires louches. Sérénades et mandoline, je comprends alors pourquoi dans une de ses dernières lettres, Nicole faisait tant d'éloges au sujet d'une chanson en vogue sur le thème du bambino.

    Mes parents après vérifications des faits ont dû prendre la décision pénible de la laisser mener sa vie comme elle l'entendait et donc de la prier de quitter notre famille. Même si ça m'est difficile, je ne peux qu'approuver leur décision, qui est  de me protéger.

    Du reste son aventure n'a pas été bien loin, dans des petites villes tout se sait rapidement..Deux jolies filles qui dans un  hôtel borgne, vendent du plaisir à leurs clients ne pouvaient pas espérer faire une longue carrière dans la prostitution.La police a fait le necessaire.

    Je suis donc désormais, seul, lamentablement seul ,et si loin de chez moi

     LA COUPURE DE PRESSE

     

                           scan en image pour journal paint.JPG

     

     

     

     

     

                                                                                       

    Tags associés : Destin

    Mardi 30 Août 2011 à 16h51 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    MAINTENANT: seul avec mes pensées

    Je dois réfléchir, ne pas me laisser gagner par une mélancolie destructrice, faire un point fixe et envisager mon avenir sans mon amour perdu. La vie doit continuer, il n'est pas possible d'oublier, mais il ne s'agit pas de s'enfermer avec son chagrin mais surmonter et continuer à s'assumer.

    A l'arrivée du courrier, alors qu'avant j'avais trois ou quatre lettres, je n'ai plus maintenant que celles que mes parents m'envoient, avec toutes les recommandations nécessaires à mon soutien.

    seul, désormais

     

     

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