• Vendredi 21 Mai 2010 à 11h48 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    REFLEXION EN TRAIN ALGERIE

     

                                                                                                                                                                                                      

                                          ALGERIE  

     

     

                                        

                               REFLEXION EN TRAIN     ALGERIE 

                                               

     

    Dans le train qui me ramène vers mon lieu de travail, mes pensées sont profondes en effet je redoute, des événements futurs inquiétants, je pense énormément à ce que l’avenir me réserve. Depuis quelques semaines à la Subdivision de Laon, nous recevions des  messages, faisant état de faits se déroulant dans ce Pays lointain. 

    Que représente pour moi ce sujet. 

    Depuis la Toussaint rouge ,des exactions ont eu lieu ,des attentats ,faisant des morts innocents ,des  répressions ,avec encore des victimes ,des bandits , qu’on appelle des partisans de l’Indépendance  

    Égorgent des familles entières, étêtent, des enfants, violent les femmes, tuent le bétail et incendient les fermes ou les masures, mechtas, de pauvres paysans, qui n’ont d’autres ressources.  

    Les militaires traquent ces Fellagas dans des montagnes difficilement accessibles ,recherchent des indices auprès d’une population apeurée ,fouillent des grottes qui servent de cache -d’armes ,de petits groupes sont détectés ,des  combats s’engagent ,des hommes meurent ,blessés achevés ,quelques rares prisonniers qui souvent  ne savent rien ,sont ramenés dans les cantonnements , pour y être interrogés 

    Dans des conditions atroces. 

    La nuit est  tombée et les innombrables gares se succèdent ,l’autorail s’arrête ,puis repart dans un immense bruit de ferraille ,à chaque passage à niveau la crécelle d’une sonnerie retentit et je roule , ballotté ,à demi endormi ,l’air d’une ritournelle dans la tête ,se confondant avec le nom -composé d’une petite gare dont  les syllabes font une musique  chantante avec le bruit des roues à chaque raccordement du rail.                                                                                          

    Plus de vingt gares entre Laon et Amiens 

    En partant vers 18 h de Laon je n’arrivais pas à Amiens avant 20h45, ce qui fait que je n’avais plus de correspondance et je devais attendre le train postal Paris Lille qui s’arrêtait à Albert vers 0 Heure. 

    Pour le retour c’était vers 11h30 que j’arrivais 

    Pour prendre mon service pour 14h 

      

    J’avais tout ce temps pour réfléchir 

    Le sergent des transmissions était déjà parti en Algérie, et avait été remplacé par un adjudant réserviste, un employé des eaux et forêts 

      

    Il m’a envoyé une lettre, tout en m’expliquant la situation, il me demandait d’aller retirer son argent placé sur un livret et de l’envoyer à ses parents. Il m’a fait un pouvoir et j’ai pu de ce fait lui rendre ce service. 

      

    La situation qu’il me décrivait n’était pas pour me rassurer 

      

    SA LETTRE que je recopie car le scan ne me permet pas de copier coller 

    Cher vieux                          Descartes le 25/8/56     

    Tu vois ce jour pourquoi je t’écris! Mais plus tard. J'ai changé de coin comme tu peux voir et alors ici c'est le bled, 3 cafés qui ferment à 20h30, à part ça rien, on se fait ch...! Au plus haut point, aussi j'ai pris une résolution énergique ?...Je quitte l'ARMEE...oui comme ça, j'en suis écoeuré, il faut voir ça ici, c'est honteux! Aussi je retourne dans le civil prendre la succession de mon père qui commence à se faire vieux, et où au moins je pourrais agir à ma guise.. Et à la subdi quoi de neuf ? Toujours pareil, je commence à regretter les moments de la subdi, et la petite rouge où s'en est-il. Mariage ? Où divorce ?  Tu donnes le bonjour, et au bureau, et ainsi qu'à Henriette, les autres, il peuvent aller se faire cuire 2 oeufs pour le p'tit déjeuner, je lui est écrit à triple mettre, elle ne m'a pas répondu, qu'elle aille se faire voir. Bon passons, tu dois te dire, il me fait suer avec ses mandats, pour un, je me serais passé de toi mais il y a en trois à faire. Je t'explique : dans les 80.000, deux de 30.000 et un de 20.000, les 1000 c'est pour les frais, s'il reste quelque chose c'est pour toi. Voici le détail.
    30.000  à Mr Casso.. Guy Rue du château Nerac                20.000 à Mame Luss.... route de Narareth Nerac      30.000  sergent Casso Ferdinand  63éme comp de Transmissions Descartes militaire ( dept Oran ) Algérie.
     

    Voila est-ce assez clair, je crois que oui, comme j'espère rentrer le 1er Octobre, j'envisage une assez bonne somme afin de trouver la traversée agréable, tu vois ce que je veux dire! Bon eh bien je vais te quitter_ excuse moi si je fais encore appel à toi, mais tu es le seul avec qui je peux correspondre et qui est mieux placé en tant que vaguemestre, et comme (je ne sais si c'est toujours pareil) tu ne sais quoi faire, cela t'occupera en quelques minutes. Dans l'attente de ton service qui je crois et j'espère sera le dernier (vu la quille). Reçois mes sincères amitiés et le bonjour aux autres ou fait également le bonjour de a/c Gerard a tous.          Ferdinand 

    P.S Au cas dans les 1000 que je laisse pour les frais il n'y en a pas assez, prend sur les 30.000 que tu m'enverras 

    < J’ai exécuté rapidement ses souhaits, et je n'ai pas pris un centime > 

      

    Je voyais passer les messages de rappel d’éléments détachés dans divers services. 

    Cela n’allait pas tarder pour moi qui étais du 6éme régiment de Cuirassiers, détaché à la Subdivision militaire de Laon 

      

    Un artilleur de La Fère venait de nous rejoindre. 

    Désigné pour l’Algérie, Il était déjà installé dans le camion avec ses camarades, quand un ordre est arrivé de descendre. 

     Marié père de deux enfants, ça n’avait pas été remarqué par la hiérarchie. 

    C’est son épouse qui avait fait la démarche, car pour lui, pas question de ne pas partir avec ses copains. 

    Il était du reste furieux de ce fait, mais il fallait bien qu’il comprenne que sa situation exigeait qu’il demeure en tant que chargé de famille, et aidé par les service sociaux de l’Armée. 

    C'est remarquable que lorsque était communiqué un ordre de préparation au départ pour l'Algérie il y avait des réactions de responsabilités au niveau des familles que l'on devait quitter, mais en même temps, le fait de partir vers ces lointains horizons créait une émulation. Personne ne voulait laisser paraître son angoisse et une certaine euphorie provoquée par les nombreux verres vidés dans les mess, foyers ou les cafés et bars des villes de garnison, ne retomberait que lors de la permission exceptionnelle de 8 jours dite de départ AFN 

    Il n'en était pas de même en ce qui concernait les rappelés, ces jeunes hommes qui avaient terminé leur service militaire, repris leurs activités civiles et que le gouvernement mobilisait et envoyait par trains entiers direction Marseille et Algérie . Les trains étaient arrêtés, le matériel dégradé. Dans certaines villes des manifestations de refus qui se sont terminées par des interventions des forces de sécurité. J'ai vu arriver des camions avec ces hommes sous escorte qui braillaient leur désapprobation, certains très atteints aux yeux par les lacrymogènes. Huit jours après, il restait des isolés que les gendarmes récupéraient et que l'on embarquait directement par avion. 

    Tags associés : Reflexion, train, algerie

    Samedi 31 Juillet 2010 à 18h12 dans Blonde tu etaisPoster un commentaire
     

    CHANGEMENT DE DECOR

                         

                                 CHANGEMENT  DE  DECOR

     

     

                                    Je sentais que bientôt je partirai pour l'Algérie et dans cet optique, j'ai pris les permissions qui me restaient. Et je ne m'étais pas trompé. 

    Car au retour d'une de cette dernière, Je suis convoqué d'urgence chez le commandant, vous prenez vos affaires et vous regagnez votre unité par le premier train. 

    Cela n'a pas traîné, aussitôt arrivé, passage aux effectifs, prendre ma permission de huit jours en vue départ, les autres étaient partis par les trains du matin, une jeep m'a conduit à la gare de St Erme, afin que je puisse prendre le train du soir, ce qui fait que je suis revenu chez moi, le jour même où j'étais parti du matin. En voyant ça, il n'y avait pas besoin d'explications, tout le monde avait compris. L'ambiance était tendue, mais il fallait se résoudre à la réalité. 

    Ma fiancée était en stage dans un magasin de vêtements à Amiens, elle partait par le train le matin et revenait le soir, mais n'a pas tenu sa parole, elle a abandonné en fonction qu'elle voulait rester avec moi pour ces courts instants. Je ne pouvais pas lui en faire reproche, mais j'avais espéré qu'elle tienne dans cette place et j'étais grandement déçu. Le jour de mon départ est arrivé et les adieux furent déchirants, mais il fallait surmonter. 

    Je suis passé à Laon, mais cette fois, j'ai du attendre un autre train car je regagnais Sissonne, base de mon unité. Tout s'accélérait, passer au magasin d'habillement pour percevoir un paquetage dit AFN: vêtements légers, chapeau de brousse, pataugas (genres de chaussures en toile comme en portent les basketteurs) casque lourd). Passer à l'armurerie pour recevoir une arme (un fusil semi automatique Garant), des cartouchières vides. Le principal, au magasin des vivres pour trois jours. Toutes ces choses vérifiées, se détendre un peu en allant boire une bière au foyer afin de communiquer avec tous ces gars que je ne connaissais pas. Du fait de mon affectation à l'extérieur, ces personnes qui me prenaient pour un bleu (un nouveau), ils se trompaient lourdement. Car ils étaient du dernier contingent appelé, ils avaient quatre mois de service, alors que moi j'en étais à 18 mois, c'est à dire que je partais en Algérie en ADL, (au dessus de la durée légale) qui était de 18 mois et l'air supérieur de certains n'était pas tolérable. 

    Premier incident, en me rendant au foyer je me fais interpeller par un sous-officier parce que je portais ma chaîne à vache en sautoir.  Il me donne l'ordre de la remettre sous ma chemise en me disant que l'on voyait bien que je n'en avais jamais porté. Je lui réponds alors que oui, en Tunisie (où j'avais fait un séjour au début de mon service), lui, il avait fait l'Indo.  Pour ne pas avoir d'histoire, j'obtempère. Cet objet consiste en une plaque sur laquelle sont gravés:  le nom, matricule du soldat, elle est divisée en deux par un pointillé, la première moitié reste au cou quand il y a décès, l'autre est destinée à être fixée sur son cercueil. Cet objet est perçu lorsque le militaire part au combat, le véritable nom est la plaque d'identité. 

    Le soir dans la chambrée beaucoup de ces jeunes étaient alcoolisés, difficile de s'intégrer en tant qu'ancien comme je l'ai expliqué. Leur jeu consistait au virage de matelas et je ne tarde pas à en subir les conséquences. Je remet tout en place et me recouche, seconde opération. Je m'installe par terre, mais lorsqu'ils viennent pour à nouveau retourner mon couchage, je prends une bouteille de bière à ma portée et je la lance sur ces pochards. Un des assaillants glisse et tombe sur des tessons de cette bouteille, ce qui a calmé le jeu directement, car le chef de chambrée a du emmener le blessé à l'infirmerie pour se faire soigner. 

    Le lendemain matin, de bonne heure, réveil et en route au petit matin vers notre destinée. Dans des camions bachés afin d'éviter toutes manifestations de soutien de la population. A la gare de Ste Erme un train attendait et différentes unités arrivaient et embarquaient dans les wagons qui leur étaient réservés. C'était un ballet de camions qui venaient de Noyon, de Soissons et d’autres villes de garnison de ces régiments. Tenue de combat, casque léger, casque lourd, sac au dos avec couverture, et objets d'entretien, sac marin avec l'habillement militaire, valise avec nos effets personnels, et pour compléter fusil garant, cartouchières, bidon, une musette avec trois jours de vivres, la parfaite panoplie du guerrier partant en renfort.  

    Il a fallu pratiquement toute la matinée pour organiser ces opérations et c'est vers les onze heures du matin que ce train est parti. C'était des compartiments sans couloir où chacun avait sa place avec son paquetage, pour manger, et dormir les uns contre les autres. On s'arrêtait  pour laisser passer des rapides, toujours sur des voies de garage et en bout de quai où il y avait une possibilité de descendre pour trouver de l'eau, car il y a longtemps que nos bidons étaient vides. Nous avons roulé tout l'après-midi, la nuit et toute la journée du lendemain, arrivée à la gare St Charles de Marseille vers 18 heures. Là, des citroên P45 nous attendaient pour nous conduire au DIM (dépôt des isolés militaires) ou métropolitains, un vaste camp où tous les bâtiments étaient occupés et où l'on nous avait réservé de grandes tentes et comme couchage de la paille dans laquelle on dort très bien quand on peut enfin se détendre 

    Réveil, café, les corvées; chacun s'organise pour son bien-être. Curieux de nature je m'intéresse à des mouvements de véhicules, jeeps et GMC peints en jaune ocre, sur les côtés des plaques métalliques nécessaires en cas d'ensablement et sur les capots un H peint en blanc. En parlant avec des chauffeurs je reçois l'explication. Ces forces sont de l'opération Hamilcar (d’où le H), destinées aux renforts en Egypte. Ma question de suite est vous étiez volontaires ? Eh bien non c'était des appelés que l'armée avait prélevés dans des unités. Ces troupes et matériels avaient été chargés, étaient restés au port pendant deux à trois jours avant d'être débarqués en attendant une autre destination. Le cessez le feu sur le canal de Suez étant intervenu. 

    La certitude nous est donnée que nous partons bien demain pour l'Algérie, une petite carte à destination de notre famille et une permission de sortie dans Marseille en treillis de combat finit notre séjour en Métropole   

    EMBARQUEZ

     

    Dans quel état d'esprit est-on ?quand l'ordre de faire mouvement vers un Pays étranger, est .donné                                                                                                                      
       
    D'abord le réveil est difficile car les gars la veille pour s'étourdir, ont fait la tournée des bars et lutiné les filles.
         Debout à 4h, après être rentré à minuit, pas beaucoup dormi.
         Pourquoi si tôt, c’est le système qui veut ça, les ordres sont donnés en hiérarchie, et pour être sur d'être prêt, chaque gradé anticipe d'une demie heure.Ce qui fait que baillant, pestant, chaque groupe vérifie son équipement.
        Ensuite c'est la ruée vers la cuisine, café, pain, sardines chocolat.Une cigarette par dessus, et maintenant l'attente, une attente interminable.
         Un copain à coté écrit un petit mot à sa belle, pour lui dire< qu'elle ne l'oublie pas!!!! Mais lui il omet de lui dire que cette nuit il était avec les filles des bars.>
        Enfin des camions arrivent, EMBARQUEZ, puis brinqueballant, en file ils se dirigent par les rues endormies vers le port, on y arrive quand même

     DESCENDEZ


        Et re- attente, assis parmi les paquetages, on attend, on attend quoi ? des ordres , Oui mais dès qu'un ordre arrive,il est suivi de suite d'un contre- ordre?Alors un se vautre à nouveau parmi les bagages ,les valises.Les armes commencent à être encombrantes,et les casques à peser,alors on les posent,et chacun commence à retirer de son sac de quoi à manger,car pour passer le temps,quoi faire d'autre que de manger?
        Le soleil commence à taper 9h, toujours là, à attendre, attendre QUOI? Un ordre, qui ne vient jamais, alors on commence à nouveau à écrire.
        ATTENTION voila l'ordre EMBARQUEZ
        Et de monter cette passerelle de coupée,avec le sac sur l'épaule,la valise à la main,le fusil qui se met en travers,les gars pestent ,jurent,et montent péniblement.
        Sur le pont changement de décor,prise en charge par des Marins,qui eux font ça tous les jours,et qui donnent des consignes pour gagner des entreponts,puis des cales,
        Une échelle étroite à descendre,puis une autre,et encore une autre,arrivé au fond,le coeur se soulève à cause des odeur d'huile rance,la chaleur est étouffante,on s'installe comme on peut,rapidement.et de suite on remonte sur le pont,pour respirer l'air frais,et voir le paysage ensoleillé,admirer cette ville qui paraît Belle,mai Belle à des yeux qui ne savent pas,s'ils la reverront jamais.

    Tous les gars fanfaronnent,si on les écoutent,ilssont pressés de partir,vers un Pays qu'ils ne connaissent pas,un Pays lointain,au delà de la Mer
        On chante, on mange à nouveau,et on regarde, regarde encore ces quais que bientôt on va quitter
        Les machines ronronnent,et l'on sent le trépidement sous les pieds,
        Mais on est toujours là
        Il est midi,et depuis 4 h du matin,on attend,il s'éffectue des manoeuvres de chargement ,mais celà ne nous concerne pas,alors on s'en désintéresse vite
        Le bateau n'a pas encore bougé de place,que les latrines sont déjà débordantes du vomi,de ces terriens embarqués,sur ce rafiot,et les marins hurlent de voir cette pagaille et ces hommes que la sueur mêlée à la poussière,commencent à ressembler à des bêtes de guerre
         Le son des machines a changé,il se prépare quelque chose,en effet, des bruits de chaîne, on remonte les ancres, la corne retentit, le quai n’est plus tout contre le bateau, on a même l’impression qu’il s’en éloigne doucement, mais c’est

        le bateau . On part.

     

    Adieu la France 


          


     
         MAL DE MER

     

    Si vous aviez fait des traversées à fond cale:le bateau n'était pas encore désamarré,que les locaux sanitaires débordaient,dès qu'il a pris la mer,avec le tangage,toute cette matière allait de gauche à droite,il fallait enjamber,et en plus,fallait être vigilant et bien viser,juste au moment ou le bateau remonte à la vague,autrement c'est la douche ,pas besoin de papier,le paquet de mer remontait ,et cette douchette,est efficace. BEURKKKKKKKKK    

    Vous voyez? Après une bonne gamelle de haricots, a moitié cuits, et il y en avait autant par terre, car il y en avait qui ne les conservaient que l'espace d'un instant. Alors comme divertissement,comme il y avait des femmes complètement effondrées dans des transats ( malades,au diable la pudeur ) les cuisses largement écartées,on s'amusait avec un pistolet à eau à leur envoyer un jet d'eau froide sous la jupe,l'effet est immédiat,ça fait uriner (pauvre culotte ) un autre jeu aussi,avancer sous la main ballante de notre sujet:un verre d'eau froide,et laisser son doigt tremper dedans: Même effet,immédiat. Con.....s de bidasses qui partaient sur la belle bleue, vers un avenir incertain, sans savoir s'ils en reviendraient.

      J'ai vu sur le port, des ambulances aller chercher des chasseurs Alpins (habitués à la montagne, mais qui à la mer ne résistaient pas, étaient descendus sur des civières tellement ils ne pouvaient même plus marcher, complètement vidés par le mal de mer. 

    Le débarquement un par un prend un certain temps, le paquebot se vide à l'aide de ses passerelles, ensuite suivant les ordres il faut se regrouper, ce qui n'est pas facile car le mouvement de la mer est resté et c'est le quai maintenant qui semble bouger. Le mieux est de s'asseoir sur ses bagages, et là, commence une longe attente. Nous sommes le 11 Novembre et il fait un soleil de plomb. Le port est en pleine activité, personne ne pourrait penser que la sécurité n'est assurée nulle part. Voila les camions qui viennent nous chercher, cette fois ce sont  des GMC qui nous emmènent vers notre destination : le stade où des tentes sont installées, qui deviennent notre lieu de repos où nous pouvons enfin poser nos bagages au pied d'un lit Picot. C'est un genre de brancard sans les poignées, c'est pratique car ça se plie facilement et  me promet une bonne nuit de sommeil

    Les noms pour les tours de garde viennent d'être affichés, pour les autres ils peuvent avoir une permission de minuit, mais avant il faut passer à l'armurerie pour recevoir les cartouches pour nos armes.

    Avoir un fusil ce n'était pas la première fois, le conserver tout le temps avec soi par contre nous n'étions pas habitués.

    Mais voir de prés en rangeant,  les balles, dans les cartouchières, cela fait un certain effet, c'est bien pour tuer et l'on se rend  compte de l'effet que ça va faire en pénétrant dans les chairs.

    La sortie pour la soirée s'est faite sur le cour où les Bonois prenaient le frais comme le font tout les gens du midi.

    Nous ne nous sommes pas éloignés, on nous avait dit, que la veille deux spahis qui venaient de débarquer avaient été égorgés dans le quartier arabe et qu'on leur avait pris leurs armes.

    Nous sommes donc restés dans le centre à boire quelques bières et à regarder les calèches qui promenaient des touristes.

    Difficile de penser qu'il y avait du danger, qu'une grenade pouvait être jetée dans notre salle de café ou qu'une bombe pouvait exploser.

    Nous ne nous sommes pas attardés et du reste tout le monde est rentré de bonne heure.

    Demain on embarque pour le bled

    Depuis 6 jours que nous sommes partis, on a besoin de dormir.

     

     

     


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